jeudi 17 novembre 2016

Le perfectionnisme qui nous empêche de progresser

  • Avez-vous déjà eu l'impression de stagner?
  • Avez-vous lu tellement de livres équestres que vous connaissez le but à atteindre, mais vous n'y parvenez pas?
  • Êtes-vous déçu de votre façon de travailler, à pied ou à cheval votre cheval?
Si vous avez répondu oui à l'une de ces questions, cet article est peut-être pour vous.

Récemment, je m'interrogeais face à mon équitation. En très résumé: je me trouve nulle. J'ai commencé à monter il y a presque 20 ans, j'ai une bibliothèque équestre fournie (près de 40 titres), je possède un cheval de qualité, j'ai l'occasion de monter d'autre chevaux, je prend cours régulièrement, aussi bien des cours particuliers que des cours collectifs, je passe pas mal de temps sur les blogs... Bref, je devrai être une super cavalière, une vraie femme de cheval, je devrai être capable de monter aussi bien que je ne fais les boxes en un temps record ! Et bien... non, même pas...

Puis je suis tombée sur cet article: http://devenir-musicien.com/progresser-en-musique/. Je vous encourage à le lire, même si c'est un article appartenant au monde de la musique.

En résumé, cet article explique qu'on s'entend dire à quel point la musique est un art compliqué, difficile à maîtriser. Le musicien débutant se retrouve noyé dans une masse d'information, et n'ose donc pas composer, car composer serait "réservé" au musicien très expérimenté.

Du coup, on n'ose pas essayer, on ne prend pas le risque de faire une erreur, et on reste bloqué par la peur de faire quelque chose d'imparfait, qui sera jugé par nos pairs. Quel est le problème??? Et bien, si on ne s'exerce pas, on ne peut pas progresser!

L'article termine en parlant des perfectionnistes qui attendent d'être des virtuoses pour montrer aux autres leurs arts. Ceux là se privent de pistes pour progresser.

Quels parallèles avec l'équitation?

On nous répète qu'il faut s'informer, être curieux, lire le plus possible. On se rend compte qu'il nous faudra des années pour être capable de monter, qu'une vie entière ne suffira pas pour tout connaître. Les informations sont tellement nombreuses. Du comportement des chevaux au dressage de haute-école en passant par le parage naturel, l'éthologie, le saddle-fitting ou l'alimentation, nous sommes complètement noyés par les centaines de sujets sur lesquels nous devrions être experts pour ne pas passer comme incompétents auprès des autres cavaliers. Même après 10 ans, 15 ans nous aurons toujours des lacunes. Certains sujets nous intéressent plus que d'autres, il nous est impossible de tout connaitre en un temps record.

Après 19 ans au coté des chevaux, j'ai toujours une soif de connaissance. Chaque nouveau livre que je lis est accompagné d'un sentiment d'excitation: "Peut-être que dans ce livre-ci je vais découvrir quelque chose de révolutionnaire? Peut-être qu'il y aura une clé qui me permettra d'amorcer un tournant dans ma relation avec mon cheval?" Bien souvent, le livre est génial, mais passé quelques mois, non, ce n'est pas ce livre-là qui va changer ma vie. Comme le dit le général L'Hotte: "Les livres traitant de l'équitation n'ont vraiment d'utilité que pour le cavalier déjà complètement familiarisé avec la pratique du cheval. L'art ne s'apprend pas dans les livres, qui n'instruisent guère que ceux qui savent déjà."

J'ai lu de nombreux livre, vu de grand cavaliers travailler, j'ai pris de nombreux cours... Je commence donc à savoir ce qui est de la "belle équitation". Et je deviens donc très critique envers moi-même. Je ne suis pas particulièrement perfectionniste dans ma vie de tout les jours, mais avec les chevaux je le suis devenue. Sachant qu'une mauvaise position peut faire souffrir le dos de mon cheval, sachant qu'une mauvaise main est à proscrire, lisant les nombreuses critiques sur internet sur certains cavaliers qui se critiquent les uns les autres... parfois je n'ose plus. Je n'ose plus prendre le risque de faire une erreur. Je n'ose pas prendre cours avec un prof un peu plus "connu" de peur d'être jugée. Je n'ose pas demander conseils, de peur de m'en ramassez plein la figure comme quoi ma façon de monter serait néfaste pour mon cheval...

Je lis, je doute, j'achète à nouveau...
Après la lecture de cet article sur la musique, je me suis retrouvée dans certains aspects. Bloquée par mes connaissances, qui font que je sais reconnaître le mauvais geste, l'erreur... Je suis capable de porter un regard très critique sur ma séance, parce que j'en ai connu des meilleures, parce que j'ai vu d'autres cavaliers sur un meilleur chemin que moi, parce que j'ai observé des couples humain/équin qui fonctionnait mieux... Me voilà donc bloquée...

N'avez-vous jamais entendu dire que les cavaliers débutants abîmaient les chevaux? Pourtant sans débutants, plus de cavaliers!

Où je veux en venir? N'ayez pas peur de faire des erreurs. N'ayez pas peur de vivre votre relation pleinement avec votre cheval même si vous n'êtes pas spécialiste du comportement, du travail à pied, de l'équitation éthologique... Osez mettre de coté l'aspect théorique. Même si vous lisez beaucoup, soyez capable de faire confiance, non pas aux livres, mais à votre bon sens, à vos tripes, à votre ressenti, à votre propre jugement, indépendamment des connaissances théoriques.

Je l'ai vécu il y a quelques semaines. Après l'article sur le perfectionnisme en musique, j'ai décidé de relâcher un peu la pression que je me mettais moi-même. Je ne vais pas vous faire croire que subitement, je me suis mise à monter mieux. Bien sûre que non. Mais en relâchant la pression, en m'autorisant à faire confiance à mon instinct et à mes tripes, plutôt que de toujours penser à la belle théorie, j'entrevois certaines pistes qui me permettent de progresser. Rien d'exceptionnel, mais réussir à comprendre mes blocages, c'est déjà un grand pas en avant.

Alors, si comme moi vous vous savez quel but vous souhaitez atteindre, mais que vous vous sentez bloquer parce que ce but n'est pas encore accessible, mettez de coté la théorie, et osez faire des erreurs! Je ne vous promet pas des progrès immédiats et fulgurants, mais retenez que vous avez le droit de faire des erreurs! On en fait tous! Elles font partie du chemin. Ne laissez pas la peur de l'imperfection vous arrêter en plein milieu du chemin!
Janne Friederike Meyer, Aix-la-Chappelle 2012

8 commentaires:

  1. Je suis entièrement d'accord avec ton article! Tout ce que tu dis, vraiment! J'ai aussi eu ce sentiment/ et je peux l'avoir encore : on est tellement "gavé" d'informations, et il y a tellement de polémiques aussi sur ce qui serais bien ou non pour le cheval, qu'on en vient vite à se dire qu'on n'en sais pas assez, et on a vite fait de ne plus "oser".

    J'ai une monitrice qui me l'a fais remarqué avec mon jeune cheval : elle m'a dit, "tu as de bonnes réactions, mais on voit que tu n'oses pas aller au bout des choses de peur de mal faire. Mais non, fais-toi confiance car tu es sur la bonne voix, donc ose et vas jusqu'au bout de ton idée"... Je trouve que ce jour-là, elle a bien compris mon dilemme. Maintenant, j'essai de me relaxer : j'aurais jamais le temps de tout savoir, je n'aurais pas le temps de progresser assez pour être toujours juste... Alors, je fais au mieux, pour moi et mon cheval. Après, tant pis si la case où je me met ne convient pas aux autres : on ne peut pas plaire à tout le monde! J'essai aussi de me détacher de l'avis des autres (type forums équins ou réseaux sociaux) car là aussi le "trop d'avis", "tue l'avis"...

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    1. Il y a 2 ans j'avais également eu une prof qui avait compris. Je suis en cours de progression sur ce point je crois XD

      Comme toi, je crois que je devrai aussi me détacher des réseau sociaux & co... Marrant de voir que ce qu'on fait derrière notre écran influe sur la relation avec nos cheval !

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  2. Tellement d'accord avec ce que tu dis... Pour parvenir à surmonter mon perfectionnisme, j'essaye de garder en tête que "l'important, c'est le chemin", sinon on ne prend plus de plaisir à pratiquer notre passion, tellement on a d'occasion de s'auto-taper sur les doigts pour toutes ces erreurs dont on est conscient intellectuellement mais qu'on a du mal à redresser...

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    1. Merci beaucoup pour ce commentaire.
      Tu utilises des mots différents de moi, mais c'est exactement ce que j'ai essayé d'exprimer dans cet article!

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  3. Très bon article. C'est pour cela que progresser en équitation comme dans d'autres domaines passe par l'intégration des techniques de développement personnel même si ce mot peut faire peur. Le cheval se travaille selon trois axes : le physique, le mental et la technique. Il en est de même pour le cavalier. L'un ne progresse pas sans l'autre.

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    1. Je suis contente de voir que mon article ait pu être compris :-)
      Le développement personnel: j'ai commencé à m'y intéresser lorsque je montais des chevaux qui n'étaient pas à moi. En étant proprio, je suis encore plus plongée dedans... Pour moi, des 3 axes que tu cites, c'est l'axe le plus intense, le plus profond, en ce moment je crois que je me noie un petit peu dedans !

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  4. Merci beaucoup pour cet article. Vraiment. Je me retrouve complètement la dedans, sauf que je n'ai pas autant d'année d'expérience que toi malheureusement.

    La fait d'être jugée par d'autres cavaliers, meilleurs que moi cela va sans dire, j'ai voulu avoir ma jument chez moi au pré. Pourquoi? Parce que si jamais je merdais et bien personne n'était là pour m'humilier, me critiquer et remuer le couteau dans la plaie.

    Le monde du cheval est vaste et quand je vois que je ne sais rien au niveau des basiques, comme toutes ses fichues couleurs de chevaux... Je me dis que je suis une cavalière du dimanche qui s'est offert le luxe d'avoir un cheval.

    J'ose plus rien faire, je ne veux plus voir de pro, de peur qui me jette à la figure mais tu ne sais pas ce qu'est une épaule en dedans? Non, je ne sais pas et quand j'essai de l'apprendre dans les livres je comprends encore moins et je me sens nulle...

    Alors quand j'ai du choisir un pro pour débourrer ma petite Coc's j'en menais pas large du tout... Du coup quand il m'a dit, que le feeling avec les chevaux étaient la, mais qu'il me manquait la technique, ça m'a rassurée.

    Oui, mes connaissances "galops" sont très limitées, mais j'aime mes grosses et je lis un max de livre pour leur bien être, sur la nourriture, la digestion, les soins des pieds, etc... Et de les voir heureuses et en bonne santé c'est ma plus belle réussite.

    Je pense que comme tu le dis, on ose pas parce que le monde d'aujourd'hui critique à tout va, dès le moindre faux pas. Au lieu d'expliquer avec patience, de répondre calmement et d'aider sincèrement. C'est franchement dommage.

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    1. Je suis régulièrement tes aventures sur ton blog, notamment tes aménagements de ton paddock paradise qui m'intéressent beaucoup, et je ne me doutais pas du tout que tu pouvais éprouver ce genre de difficultés.

      En te lisant, je me rend compte que les professionnels des chevaux devraient être capable de nous accompagner avec beaucoup d'empathie! On ne devrait pas se sentir juger par ceux qui ont un meilleur niveau, au contraire, cela devrait être un échange.

      Le bien-être du cheval est tellement au cœur des conversation que les gens se permettent de penser que les chevaux des autres sont malheureux!

      A travers tes articles, je sens bien que tu est en recherche de faire au mieux. Et c'est génial. Je comprend tout à fait tes difficultés avec le regard des autres, j'y suis aussi sensible. Je te souhaite vraiment de prendre confiance en toi, de prendre confiance en tes installations, en ta façon de gérer tes juments!

      Et puis le point positif: à chaque fois que tu rencontreras des personnes moins expérimentées que toi, tu seras beaucoup plus ouvertes avec elles ;-)

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